
05 octobre 2024
Depuis l'incident survenu la semaine dernière impliquant le président de l'Union des Comores, l'inquiétude a commencé à se répandre dans le pays. De nombreuses voix se sont élevées à travers tout le territoire national, posant la même question : où est le président ? Est-il véritablement blessé ? Se trouve-t-il toujours sur le territoire ? Ces interrogations ont nourri diverses hypothèses, renforcées par la réputation du président, habituellement dynamique et réactif. Son absence a été d'autant plus remarquée qu'il est connu pour sa présence constante aux événements nationaux et religieux. En effet, il a manqué la célébration du Maoulid de l'État, ainsi que celles de Mitsamihouli et d'Iconi, des localités où il a toujours été assidu. De surcroît, le conseil des ministres, habituellement programmé chaque mercredi, n’a pas eu lieu le 18 septembre, ce qui a exacerbé l’inquiétude générale. Le silence persistant du chef de l'État n'a fait qu'amplifier ces préoccupations.
Le jeudi dernier , le président de l'Union des Comores a fait une apparition publique, affichant une bonne santé et un rétablissement manifeste. En effet, il semble avoir recouvré toute sa vitalité. Dans ce contexte, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi s’est entretenu avec lui, marquant la continuité des relations diplomatiques entre les deux nations. Par ailleurs, un message de prompt rétablissement a été transmis par l’ambassade de la République de Türkiye, au nom du président Recep Tayyip Erdoğan, témoignant de la considération internationale portée à son état de santé.
De nombreuses personnalités, tant au niveau national qu'international, ont adressé leurs vœux de soutien au président comorien. Parmi elles, Maître Fahmi Said Ibrahim, ancien ministre de la Justice, s'est exprimé à ce sujet lors d'une récente interview. Il a profité de cette occasion pour souligner, avec une rare franchise, l'ampleur des succès diplomatiques obtenus sous la présidence d'Azali Assoumani. Il a rappelé que ce dernier a su hisser les Comores à un niveau de diplomatie sans précédent, permettant ainsi au pays de concrétiser plusieurs projets internationaux d'envergure.
L’ancien ministre a également évoqué l'investiture du président Azali en mai 2024, au cours de laquelle pas moins de sept chefs d'État avaient honoré de leur présence cet événement historique. Ce fait témoigne indéniablement de l’influence diplomatique grandissante des Comores sous la direction du président Azali Assoumani. Dès lors, il n’est guère surprenant d’observer un soutien massif de la part de la communauté internationale à la suite de la tentative d'assassinat dont le président comorien a été victime.
Cette vague de solidarité, venant de dirigeants étrangers, n'est pas seulement un signe de préoccupation face à son état de santé, mais reflète également l'importance que revêt, aux yeux de la communauté internationale, la stabilité des Comores, incarnée par la figure du président Azali. Cette reconnaissance diplomatique témoigne de l’attachement des partenaires internationaux à la prospérité et à la sécurité du pays.
L'incertitude du climat social à Moroni
Il est important de souligner que l'absence du président a profondément ébranlé la nation, mettant en lumière le rôle fondamental d'un chef d'État. Cette absence a laissé le pays dans une situation d'incertitude, accentuant l'importance cruciale de la stabilité, laquelle ne doit être liée à aucune affiliation politique particulière, mais plutôt perçue comme une condition nécessaire au bien-être national. Durant cette période, de nombreuses questions ont émergé, et il est apparu clairement que le pays semblait fonctionner sans direction claire en l'absence de son dirigeant. Les discours se sont multipliés, alimentant une vague de fausses rumeurs qui se sont répandues sur les réseaux sociaux, suscitant une haine virulente contre le gouvernement. Des propos malveillants et des souhaits négatifs ont dominé les échanges. Les autorités, malgré leurs efforts, n'ont pas réussi à apaiser totalement les tensions. Cela a provoqué un effet de bord regrettable, où certaines personnes ont profité de la situation pour lancer des attaques verbales à l'encontre du président de la République.
Il est impératif de mettre en avant l'importance de la stabilité et la valeur inestimable de la vie humaine. Les principes de l'islam, auxquels les Comores, en tant que pays majoritairement musulman, adhèrent, consacrent la sacralité de la vie, conformément aux enseignements divins. Sur le plan juridique, tant au niveau national qu'international, les Comores disposent d'une multitude d'instruments qui valorisent et protègent la vie humaine, tels que la Charte africaine des droits de l'homme, qui consacre ces principes dans ses premiers articles. Dans ce cadre, il est essentiel de condamner fermement tout acte de violence ou d'agression de cette nature.
La tragédie récente qu'ont connue les Comores doit marquer la fin de telles atrocités. De tels actes ne doivent jamais devenir monnaie courante dans notre pays, car personne ne souhaite vivre sous le règne de la terreur. Ces comportements sont étrangers à l'identité comorienne. Il ne s'agit pas ici de défendre ou de blâmer une personne ou une institution en particulier, mais de rappeler la valeur intrinsèque de la vie humaine et d'insister sur la nécessité d'une morale étatique, tout en appelant à un retour à la stabilité nationale.
Un appel à stabilité et à des réponses claires
Il est impératif d’appeler au respect scrupuleux des institutions étatiques et à une compréhension approfondie de la fonction de toute personne investie de l'autorité publique. Il est fondamental que chacun ait une connaissance claire de ce qu'est un chef d'État, non seulement en tant qu'autorité suprême, mais également en tant qu'être humain dont la vie doit être protégée à tout prix. La préservation de sa personne n’est pas simplement une exigence institutionnelle, mais une obligation morale et civique. De même, il est essentiel que des éclaircissements soient apportés concernant les circonstances ayant mené à la mort du jeune homme qui a attenté à la vie du président de la République. La population doit être informée des raisons de ce décès, et des preuves doivent être fournies pour que la justice puisse jouer son rôle avec transparence et efficacité. Cela est d’autant plus important que la justice doit se réaffirmer aux yeux des citoyens, dont certains commencent à douter de son utilité aux Comores. Elle se doit d’être exemplaire et ferme, notamment en matière de responsabilité administrative. Il s’agit ici d’appliquer le principe de la responsabilité sans faute, imposant à l’administration de démontrer son absence de responsabilité dans la mort de ce jeune homme, qu’il s’agisse d’une cause naturelle ou d’un acte relevant de circonstances spécifiques.
En parallèle, il convient d’appeler les Comoriens à faire preuve de retenue et de discernement, particulièrement en cette période où le président est amené à participer à de nombreux événements, notamment religieux, comme les célébrations liées à la naissance du Prophète. Le président, en tant que fidèle musulman, est tenu de prier, et il le fait aux côtés des autres fidèles, souvent dans le rôle d’imam lors de ses déplacements dans les mosquées. Il est essentiel de comprendre que la garde présidentielle, bien qu'ayant une mission spécifique distincte des autres forces de l'ordre, n’agit pas en faveur de l'individu Azali Assoumani, mais bien pour la sécurité de l'institution qu’il incarne, celle du président de l’Union des Comores. Leur mission est de protéger cette fonction, et ils ont pour mandat d’agir avec la plus grande fermeté en cas de menace directe. Il est donc impératif de ne pas confondre la personne et l’institution, et de se rappeler que la garde présidentielle, dans l’exercice de ses fonctions, est habilitée à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du président, y compris l'usage de la force si cela est justifié. Cette mission dépasse la simple question de l'individu : elle concerne la stabilité et la pérennité de l'État. Il est aussi important de rappeler que l'être humain, en tant qu'animal doué de raison, doit faire preuve de discernement dans ses actes et ses jugements.
En outre, une analyse juridique approfondie de l’article 5 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, telle qu’interprétée par le Comité pour la prévention de la torture en Afrique, pourrait apporter des éclaircissements cruciaux dans ce contexte.
Enfin, il revient à la justice de dissiper les nombreuses zones d’ombre qui entourent cette affaire, afin que toute la lumière soit faite sur cet épisode tragique.
HOUDAIDJY SAID ALI
Juriste Publiciste et Internationaliste
Moroni – Comores
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